lundi 20 janvier 2014

Pays-Bas : favoris ou simple outsider ?







La Coupe du Monde 2014 au « pays du football » approche. Les Pays-Bas, récurrent épouvantail aux yeux de tous et finaliste de l'édition 2010, seront de la partie. Quelle vision devons-nous avoir de cette équipe. Favoris ? Outsider ? Eléments de réponse.



La « patte » Van Gaal


Pour comprendre l'équipe batave aujourd'hui il faut bien avoir en tête qu'il s'agit d'une équipe dite en « reconstruction » après un Euro 2012 complètement ratée (trois défaites en autant de match). A l'issu de ce naufrage, la fédération néerlandaise (KNVB) décide de placer, ou plutôt replacer*, la sélection entre les mains de Louis Van Gaal.

Ce dernier annonce toute de suite la couleur en arrivant : les joueurs performants seront sélectionnés. Certains en feront les frais à plus ou moins long terme comme Wesley Sneijder, Maarten Stekelenburg, John Heitinga ou encore Gregory Van Der Wiel. Van Gaal entreprend aussi une politique de jeunesse (Daley Blind, Kevin Strootman, Stefan de Vrij ...). Politique qui lui vaut les foudres de la presse locale qui juge l'équipe insuffisamment expérimentée pour une Coupe du Monde. Quand on connait le caractère de l'homme, les critiques ne le feront pas changer d'avis.


Surtout, Van Gaal sait s'entourer. Il appel ainsi à ses côtés deux gloires de l'Ajax Amsterdam des années 1990, qu'il a bien connu pour les avoir mené au titre de Champion d'Europe en 1995 : Danny Blind et Patrick Kluivert.

Avec une équipe plutôt jeune mais avec des éléments expérimentés et essentiels (Arjen Robben, Robin Van Persie, Rafael Van der Vaart) et un staff qui l'est tout autant, l'alchimie prend bien pendant la phase des qualifications. Les Pays-Bas sont les premiers qualifiés après le pays organisateur, le Brésil, avec un bilan de 9 victoires et 1 nul. La tactique de jeu repose sur un 4-3-3 tourné vers l'offensive. Les joueurs exercent un pressing assez haut et se projettent rapidement vers l'avant.

Le point faible : la défense

Avec de telles qualifications, il serait facile de se dire que les Pays-Bas endossent le costume d'un favoris pour le mondial et que l'équipe tourne très bien. Erreur. D'une part, les Pays-Bas ont presque systématiquement survolés leur groupe de qualification pour une grande compétition pour au final n'en gagner qu'une seule**. D'autre part la défense inquiète.

Même si les chiffres ne parlent pas en sa défaveur, la défense néerlandaise (5 buts encaissés en qualification) est le véritable point faible de l'équipe. Cette dernière pourrait d'ailleurs le payer très cher en juin face à un groupe composé de l'Espagne, du Chili et de l'Australie.

Le gros point d'interrogation porte avant tout sur la charnière centrale. Les ailiers semblent tenir la route : Daley Blind et Jetro Willems sur le flanc gauche ; Daryl Janmaat, Ricardo Van Rhijn et dernièrement Grégory Van der Wiel pour le flanc droit. En ce qui concerne la défense centrale, Van Gaal a la volonté de s'appuyer sur une charnière qui se connait, qui joue fréquemment ensemble et qui possède donc des automatismes. Pour cela, il a appelé la jeune paire du Feyenoord Rotterdam : Stefan de Vrij et Bruno Martins Indi. Avec en complément récurrent, Ron Vlaar. Ces trois là, souvent associés, semblent tenir la corde pour être au mondiale.

Cependant, leur performance n'ont pas rassuré tout le monde. Face à l'Estonie en qualification, la naïveté et l'attentisme était de mise. Dernièrement, la charnière de Vrij-Vlaar a été alignée face au Japon, une équipe présente au mondial, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle n'a tout simplement pas existé. Absente physiquement, problème de placement, erreur de marquage et toujours aussi naïve. Bref, pas au niveau d'un mondial. Van Gaal va devoir travailler sur ce secteur s'il veut espérer briller dans la compétition. Malheureusement pour lui, les solutions ne sont pas nombreuse. Elles sont soit très jeune et donc sans expérience (Joël Veltman, Stefano Denswil, Jeffrey Bruma) soit expérimentées mais en manque de temps de jeu dans leur club (John Heitinga). Un sacré casse tête.


Tout en attaque, comme d'habitude ?


Cette philosophie de jeu est bien connu du côté de Van Gaal qui prône un jeu très porté vers l'avant. Quand on connait les Pays-Bas on comprend pourquoi.

A défaut d'avoir une bonne défense, les Pays-Bas peuvent se targuer d'avoir, à l'habitude, un secteur offensif très fourni. Il y a les habituels Robin Van Persie, Arjen Robben, Dirk Kuyt, Rafael Van der Vaart, Wesley Sneijder ou encore Juan Klaas Huntelaar. Ces joueurs là auront sans aucun doute une motivation à toute épreuve pour remporter enfin un titre international puisqu'il s'agit très certainement de leur dernier mondial et peut-être même pour certains de leur dernière compétition internationale. Des gros noms, certes mais pour quel niveau ? Robben flambe avec le Bayern mais c'est blessé dernièrement (en espérant pour lui que cela n'annonce pas un cycle de blessures), Sneijder est en forme avec Galatasaray mais ce n'est plus le Sneijder de 2010, Rafael Van der Vaart est la pièce maitresse d'une équipe de Hambourg relayée au second plan en Allemagne, Van Persie enchaîne les blessures en ce moment (oui c'est léger pour tirer une conclusion sur le mondial, mais Van Persie a du mal à se dégager des blessures, ce n'est pas nouveau), Kuyt n'est pas mauvais à Fenerbahce mais n'est plus du tout sur le devant de la scène et Huntelaar, blessé pour une longue période, voit à peine le bout du tunnel et ne sera peut-être pas au mieux pour la Coupe du Monde.

Van Gaal a aussi ajouté de la jeunesse dans le secteur offensif : Siem de Jong, Memphis Depay, Jeremain Lens, Georginio Wijnaldum ou encore Luciano Narsingh. De bons voir très bons jeunes joueurs mais sans doute trop tendre pour ce mondial et plutôt parfait pour l'Euro 2016. Surtout quand on voit que Van Gaal considère Siem De Jong comme remplaçant de Van Persie en numéro 9 alors que le garçon est plus milieu offensif. Difficile de tenir la comparaison pour lui et d'être aussi performant. Sur les ailes, Depay est encore jeune mais très prometteur pour l'avenir alors que Lens semble être le titulaire dans l'esprit de Van Gaal en enchaînant les matchs et en étant performant. Mais force est de constater que le banc n'est pas vraiment rassurant.

Au milieu de terrain, Van Gaal s'appuie sur cinq joueurs : Wesley Sneijder, Kevin Strootman, Rafael Van der Vaart, Nigel De Jong et Stijn Shaars. Un milieu assez fourni et expérimenté. Dans ce secteur, Van Gaal a aussi introduit de la jeunesse avec le talentueux Jordi Clasie et les deux milieux de Première Ligue, Leroy Fer et Jonathan De Guzman. Difficile de prévoir qui seront les élus pour le mondial.


Un début de mondial décisif


Les Pays-Bas sont tombés dans un groupe que beaucoup qualifierait de facile pour eux : Espagne, Chili et Australie. Si l'Australie semble être le partenaire d'entraînement, le Chili et l'Espagne seront difficiles à battre pour cette équipe hollandaise en difficulté défensivement.

Surtout, les Pays-Bas vont ouvrir la compétition face à l'Espagne. Remake de la dernière finale d'entrée. Ce match est déjà cruciale. Un résultat négatif pourrait déjà mettre en difficulté les Bataves. Je ne parle pas au niveau du classement, mais au niveau des égos. Un début de compétition raté en 2012, on a vu la suite avec un vestiaire qui a explosé et des joueurs qui ne s'entendaient pas avec des clans. Cela peut se reproduire en 2014, c'est une des craintes que peuvent avoir les supporters.



Les Pays-Bas ne sont pas favoris pour cette Coupe du Monde. Les Bataves partent avec un trop gros handicap défensif pour prétendre au titre. Comme outsider ? Pourquoi pas mais il faudrait que la tactique du jeu ultra offensif fonctionne à merveille. Leur point positif, c'est qu'il s'agit sans doute du dernier mondial pour une « génération pas encore dorée » qui voudra mettre un point d'honneur à étoffer le palmarès très maigre d'un grand pays du football. Et il s'agit aussi de la seule compétition que dirigera Louis Van Gaal, qui a déjà annoncé son départ. A parier qu'il voudra faire taire ses détracteurs. L'envie de bien faire sera présente.

Personnellement, je vois les Pays-Bas sortir très tôt de la compétition (groupe ou huitième) pour la simple raison que l'équipe ne repose que sur un onze et n'a pas de réelles solutions efficaces sur le banc si les choses tournent mal. La jeunesse est aussi un handicap, une équipe aussi jeune ne peut qu'apprendre d'un mondial en vue d'un autre grand rendez-vous qui sera l'Euro 2016.


* Louis Van Gaal a dirigé la sélection hollandaise entre 2000 et 2002.
** L'Euro 1988 en Allemagne face à l'URSS en finale avec le célèbre but de Marco Van Basten.


Article a retrouvé aussi sur bein your zone : http://yourzone.beinsports.fr/pays-bas-favori-ou-simple-outsider/

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